Albert Gorsse, industriel brodeur et conseiller municipal à Cordes
L’histoire de la broderie à Cordes est bien connue, mais celle d’Albert Gorsse, qui est à l’origine de cette implantation dans la Cité, l’est un peu moins; des documents, venant de la famille et de l’un de nos adhérents, nous permettent de mieux cerner sa personnalité.
Si les nécrologies sont par nature un peu dithyrambiques – et celle d’Albert Gorsse n’y échappe pas – les lettres électorales retrouvées, qu’il a écrites aux Cordais en 1892 et 1896, traduisent bien l’âpreté des propos, entre les partis politiques de cette époque, Républicains et Conservateurs ! A resituer dans le contexte des affrontements rudes entre Jean Jaurès (1859-1914), le marquis de Solages (1862-1927) et le baron René Reille (1835-1898), relatés dans la presse tarnaise.
Extraits du journal « La Croix du Tarn » (Supplément régional du journal La Croix, fondé à Albi en 1896 et tirant à 3000 exemplaires)
« … Cordes pleure et pleurera longtemps son grand citoyen et son bienfaiteur dévoué, M. Albert Gorsse, l’habile manufacturier bien connu ici et ailleurs, décédé le 8 juillet dans toute la force de l’âge et du talent. Il était le porte-drapeau sans peur et sans reproche du parti conservateur de tout le pays cordais…Catholique pratiquant et toujours convaincu, il était à l’avant-garde et toujours sur la brèche pour la défense de toutes les bonnes et légitimes libertés (…) Albert Gorsse, de l’aveu de tous, de ses ennemis politiques eux-mêmes, avait une intelligence supérieure.
Histoire, géographie, mathématiques, dessin, commerce, industrie, finance, agriculture, rien n’échappait à cet esprit ouvert à tout et doué d’une mémoire, véritable casier qui retenait tout et n’oubliait jamais rien (…)
Les Sœurs de la Miséricorde qu’il avait appelées, il y a déjà quelques années dans sa fabrique de broderie et qui ont fait et font encore tant de bien aux ouvriers, sous le rapport moral et religieux, sont une preuve éclatante des principes qui inspiraient toujours sa conduite…
Aussi, le jour à jamais mémorable de ses grandes obsèques, la politique a fait silence, à Cordes, et tous les partis, disons-le à l’honneur de nos concitoyens, se sont respectueusement inclinés devant la tombe du grand patron catholique (…) Cette mort qui a été un deuil public, est douce à la pensée que sa digne et sainte épouse continuera, avec le concours de son fils Xavier, pour le bien de toute la région, l’œuvre vraiment providentielle du grand et cher défunt. »
- Retrouvez l’intégralité du texte dans la Revue juillet 2020