Léon Casimir BRÛ, cordais créateur des poupées BRU

A propos des tisserands et drapiers de Cordes…

Léon Casimir BRÛ  né le 16 septembre 1837 à CORDES (81)

Est bien originaire d’une famille de tisserands cordais, depuis son grand-père Salvi BRÛ.

Il est le  créateur des célèbres poupées  BRÛ, il a monté sa société BRÛ en 1867 à PARIS pour fabriquer ces poupées. Il avait épousé Apollyne COMYN, couturière, en 1866.

La société a prospéré jusqu’en 1890, avant d’être vendue.  Léon Casimir a ensuite fabriqué des pianos, sous son nom, toujours à PARIS.

Sa fille unique, Lucie BRÛ-COUSTURIER, a été peintre (élève de P.SIGNAC) et écrivain engagée contre le colonialisme.

 Vous retrouverez l’histoire de cette belle réussite dans le numéro 2013 de notre revue.


LEON-CASIMIR BRÛ

Un Cordais créateur de poupées célèbres, descendant d’un tisserand

Léon-Casimir BRÛ est né à CORDES le 16 septembre 1837, fils de Jean BRÛ, tisserand, et de Rosalie BOYER. Jean BRÛ,
(8 ventôse AN 7 – 1/01/1870) était le fils de Salvi BRÛ, né en 1771, ménager de la métairie MERSIE, et de Jeanne AUSTRUY.
Les familles BOYER, MERSIE et AUSTRUY sont bien connues comme habitantes de la cité cordaise.
Léon –Casimir était le plus jeune fils, ses frères et sœurs étant Justine et Auguste. (1)
Cette famille BRÛ exerçait le métier de tisserand, comme bien de leurs concitoyens à cette époque : les témoins figurant à l’acte de naissance de Léon-Casimir étaient Joseph THOURON, 61 ans, tisserand, et François DELROS, 33 ans, tisserand. Le livre de comptes du négociant en toiles BARTHE porte mention de l’activité des BRÛ par des achats de tissus réguliers entre 1826 et 1829 (2)
En 1860, Léon-Casimir a conscience que le métier de tisserand n’a plus d’avenir à Cordes, la mécanisation poussée des métiers à tisser condamne l’activité manuelle : il décide donc de « monter » à PARIS pour travailler chez un fabricant de poupées, la maison SERRE-SCHNEIDER. Il fait la rencontre d’Apollyne COMYN, de TOURS, qu’il épouse en 1866. Apollyne est couturière et réalise déjà des costumes pour poupées de luxe.
Très entreprenants tous les deux, ils décident de fonder une manufacture d’assemblage qui sous-traite des têtes de poupées pour le fabricant Emile BARROIS. Ils installent leur société au 14, bd Saint-Denis. En 1867, Léon-Casimir dépose le brevet de sa première invention : la « poupée criante ». En décembre 1867, nouveau brevet : la « poupée surprise », poupée double face qui possède une tête pivotante et deux visages, l’un souriant, l’autre en larmes ; en 1868, les deux visages deviennent endormi et éveillé. A cette même date, la « parisienne » possède un corps en bois articulé aux poignets, coudes, genoux, chevilles et même à la taille, ce qui lui permet d’adopter toutes les positions. Ces poupées ont un corps de femme à la taille marquée.
Cette production marche bien, nous sommes sous le Second Empire, période de prospérité économique avec l’ouverture des grands magasins (Bon Marché, Printemps) ; le nom de BRU apparait dans l’Almanach du Commerce en 1868.
Après le désastre de Sedan, chute de l’Empire, le commerce s’effondre ; Léon-Casimir, toujours très entreprenant, décide de diversifier sa production et de créer un catalogue en 1872. En 1873, apparait la « BRU souriante », la tête est montée sur un corps en bois articulé ou en cuir. « Poupée mythique. Belle comme la Joconde. On a pensé qu’elle était une évocation de Mona Lisa, mais il s’agirait plutôt de l’impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III ».
1875 : la maison BRU est en pleine prospérité, la fabrique déménage au 1-3, boulevard de Strasbourg ; les têtes sont sous-traitées à la maison JUMEAU. BRU remporte la médaille d’argent à l’exposition universelle où il découvre les poupées japonaises « bébé » : le corps d’un enfant de 3 à 5 ans. En 1879, le brevet du « Bébé BRU » est déposé, il se distingue des autres fabricants par son corps en cuir, une production coûteuse mais qui rencontrera un franc succès. Les modèles des années 1880 à 1883 sont les plus réussis, ils seront produits jusqu’à la fin de la marque, en 1899. La famille BRÛ vit alors de revenus confortables, bien installée dans la bourgeoisie active de la capitale (leur fille unique Lucie naît en 1876).

En cette fin du XIXème siècle, les bébés BRU représentaient la quintessence de l’enfant idéalisé.

La cote de ces poupées BRÛ s’établit de 3 500 à 24 000€, selon
la période et la fabrication : corps en bois ou en cuir

Une signature prestigieuse et rare

Le 29 novembre 1883, Henri Célestin CHEVROT achète la maison BRU ; il en garde le nom prestigieux et se spécialise dans les poupées de luxe. Il crée le fameux bébé CHEVROT, qui prend le nom de « BRÛ Jeune » pour honorer le fondateur de la firme. En 1890, Paul GIRARD succède à CHEVROT, les poupées sont alors marquées « BRÛ Jeune R ». C’est à cette date que les principaux fabricants de poupées se regroupent pour fusionner au sein de la SFJB (Société Française de Bébés et de
Jouets) afin de résister à la concurrence.
Devenu veuf non remarié, Léon-Casimir se lance alors dans la fabrication, le négoce et le louage de pianos, qui existent encore sur le marché. Sa société de gérance des Ets BRU SARL est mise en liquidation judiciaire le 28 juin 1935. Sa fille, Lucie BRÛ-COUSTURIER (1876-1925) sera écrivain et peintre (école des pointillistes, amie intime de Georges SEURAT). Lucie aura un fils unique en 1901, Raymond, qui décèdera sans descendance en 1951 dans un accident de voiture.

Sources
‘1) Archives départementales du Tarn – Etat-civil
(2) Archives famille MANUEL
Poupées-Passion : guide pour collectionneur de poupées anciennes
https://www.polichinelle.verfblog.net
https://www.info.poupees.com

Créations Léon-Casimir BRÛ

Bois articulé
BRÛ « souriante »
Bébé BRÛ breveté
Bébés CHEVROT « BRÛ Jeune »
Bébés CHEVROT « BRÛ Jeune »
Tête en cuir
Bébé BRÛ « Têteur »
BRÛ « double face »
BRÛ « double face »