La tannerie BOYER – Les tanneries – CORDES
Par Nicole de Farguettes et Maurice Diéval
Dans le sous-sol d’une maison de la rue des Tanneries nous avons découvert, grâce à l’obligeance de son propriétaire, ce qui fut une tannerie, très certainement encore en service au début du XXème siècle. L’ensemble est resté suffisamment préservé pour permettre d’en dresser les plans.
Situation
Cadastre de Cordes 1810 (avec les noms des tanneurs)
Les tanneries BOYER occupaient 4 bâtiments, le château des Auripens appartenait également à la famille BOYER. D’autres tanneries sont implantées : BERRY, BELAIGUES. Situation idéale à proximité du Cérou pour le lavage des peaux.
Bâtiment et porte d’entrée de la tannerie cadastrée 770 Bâtiment et entrée de la tannerie cadastrée 769
Le bâtiment était organisé de la façon suivante : au rez-de-chaussée, la tannerie, au premier étage la maison d’habitation et dans les combles, les séchoirs pour les peaux
REVUE ANNUELLE 2017
La tannerie BOYER – Les tanneries – CORDES
Par Nicole de Farguettes et Maurice Diéval
Dans le sous-sol d’une maison de la rue des Tanneries nous avons découvert, grâce à l’obligeance de son propriétaire, ce qui fut une tannerie, très certainement encore en service au début du XXème siècle. L’ensemble est resté suffisamment préservé pour permettre d’en dresser les plans.
Situation
Cadastre de Cordes 1810 (avec les noms des tanneurs)
Les tanneries BOYER occupaient 4 bâtiments, le château des Auripens appartenait également à la famille BOYER. D’autres tanneries sont implantées : BERRY, BELAIGUES. Situation idéale à proximité du Cérou pour le lavage des peaux.
Bâtiment et porte d’entrée de la tannerie cadastrée 770 Bâtiment et entrée de la tannerie cadastrée 769
Le bâtiment était organisé de la façon suivante : au rez-de-chaussée, la tannerie, au premier étage la maison d’habitation et dans les combles, les séchoirs pour les peaux
Origine des tanneries
Raymond BOYER père est noté tanneur à Cordes au XVIIIème siècle. BOYER Raymond fils, « marchand de cuir » figure sur les patentes de la ville en 1806/1811 ; celles-ci sont basées sur la valeur locative des boutiques, et dressent un droit proportionnel de 1/10ème, évalué à 104,43 francs (plus importante contribution, après celle d’Antoine LOUBERS, d’un montant de 110,26 francs).
Le document « Recherches sur l’état de l’industrie des cuirs en France pendant le XVIIIème siècle et au début du XIXème, » daté de l’An II (1794), constate qu’Albi comptait 9 tanneries et 69 fosses, Cordes 8 tanneries et 72 fosses. Dans le département du TARN, 12 communes avaient entre 1 et 15 tanneries. Dans le diocèse d’Albi, Albi et Cordes étaient les deux établissements ayant plus de 30 fosses (ils étaient qualifiés de « grands établissements »)
Les tanneurs cordais ont pour nom : BOYER Raymond fils – BOYER Raymond neveu – LOUBERS Antoine (dès 1670) – BERRY Hyppolite – BERRY Simon – JOANS Pierre – RAYNAL JB Michel – BELAIGUES Joseph – MARTIN Antoine – FAVARELLE Jouani (1)
Installation de la tannerie cadastrée 770 Plan d’ensemble.
Puits et pompe
5 fosses de lavage (plaints) 6 fosses à tan
Entrée Circuit de l’eau (vers le Cérou) Ponton bois pour le lavage des peaux
Les plaints
Les plaints (bacs de forme carrée de 1,20 m X 1,20 m, profondeur 0,80 m) bâtis en briques, recevaient les peaux dans un mélange d’eau et de chaux, destiné à traiter la peau pour la débarrasser de ses poils et restes de chairs, et en élargir les pores pour la pénétration ensuite du tan. A la sortie des plaints, les peaux étaient grattées sur les chevalets, puis portées sur le ponton pour être lavées en rivière, et devenaient des peaux en tripe.
Travail des peaux au chevalet (photo archives) Lavage des peaux en tripe sur le ponton (photo archives)
Les fosses à tan : le tannage végétal
Les fosses à tan sont en fait des bacs également montés en briques, et enduits à l’extérieur de chaux pour assurer l’étanchéité. Ils mesurent 1,20 mètre de diamètre, sur une profondeur de 1 mètre. Ils recevaient les peaux en tripe pour le tannage par lui-même.
Les traces de tan (écorces de chêne ou de roudou) sont encore visibles (traces noires sur les briques)
Les fosses à tan
Le tan nécessaire au tannage provenait soit du moulin de La Tour, ou du moulin du pont des Cabannes, tous les deux équipés d’une meule à tan. Meule verticale qui, en tournant, écrasait les écorches de chêne ou de roudou (sumac des corroyeurs) pour en faire une poudre active sur les peaux.
Le tanneur dispose alternativement dans la fosse une peau et une couche de tan, avec de l’eau. Le tan pénètre dans les pores de la peau dilatées et chasse les molécules d’eau qui se trouvent dans les fibres de collagène constituant les tissus ; l’eau chassée évacue les bactéries, rendant la putréfaction impossible.
Cette action chimique nécessite plusieurs bains successifs, avec des dosages différents en teneur de tan, et peut prendre jusqu’à 1 an pour les cuirs forts (peaux de bœuf). D’où le dicton : « pour faire un bon cuir, il faut du tan et du temps ». |
La peau tannée est ensuite mise à sécher à l’air libre, suspendue à l’abri dans les « galetas » des maisons qui servent de séchoirs ; les ouvertures sont protégées par des claies en bois, inclinées, qui laissent passer l’air, mais pas les rayons du soleil.
Anciennes ouvertures des séchoirs de la tannerie cadastrée 769 Peaux suspendues dans le séchoir du Musée du cuir de Graulhet
Les peaux séchées sont ensuite livrées au corroyeur, qui va les assouplir, les affiner et les confier au teinturier si nécessaire, et aux artisans du cuir : bourreliers, cordonniers…nombreux à Cordes et Les Cabanes.
La digue et le quartier des Tanneries de Cordes (carte postale années 1900)
(les immeubles n’existent plus aujourd’hui)

Sources :
(1) Archives Départementales du Tarn – Etat-Civil Cordes